15 x 21 cm, avec de nombreuses illustrations, 533 pages.
Le présent ouvrage a surtout un intérêt documentaire. Sans posséder du symbolisme une notion aussi claire que celle que l’on trouvera chez un M
grLandriot, par exemple, il demeure néanmoins respectueux de l’art et de la vision catholique des choses. De plus, son approche n’est pas sans présenter de nombreux éléments très intéressants et acceptables par la pensée catholique. Le lecteur en tirera donc un bon parti dans la mesure où il conservera lui-même une optique juste.
Cela dit, l’objet de l’étude du comte Auguste de Bastard porte sur des crosses épiscopales médiévales, qui présentent l’étrange particularité d’être ornées de motifs relevant du symbolisme du
Serpent. Comme il est hors de doute qu’il s’agisse bien là d’un art purement catholique et d’instruments employés par des évêques parfaitement orthodoxes, l’auteur déploie des trésors d’érudition pour replacer ces figures dans leur contexte, ce qui lui permet de mettre en lumière les subtilités de la science symbolique telle que nos ancêtres la pratiquaient.
En s’appuyant sur l’Ecriture sainte et les Pères, en des pages captivantes, l’auteur développe des considérations fort justes sur l’
ambivalence des symboles : le Lion, le Léopard, le Serpent, le Dragon même, ne sauraient en aucun cas être associés univoquement au mal et au diable. Bien au contraire, il résulte de cette étude que, en réalité, tout ce qui existe ayant été créé par le Verbe de Dieu en vue de Lui-même, si quelque chose doit désigner l’ennemi de Dieu – le diable, les démons, les hérétiques, etc. – ce ne sera jamais que par
reversementd’une signification
a priori relative au Christ. Il n’existe donc pas de symboles (authentiques) qui soient purement sataniques. Comme le dit Tertullien, le diable est le « singe de Dieu » – et il n’est jamais que cela…
En arborant une crosse ornée d’un Serpent ou d’un Dragon envisagés comme des symboles du Christ, les évêques concernés affirmaient d’une façon catégorique l’impuissance radicale de Satan à créer un monde qui soit vraiment réel. Seul le monde de Dieu possède une « consistance ontologique », et encore ne faut-il jamais oublier que si la création possède une réalité qui lui soit propre, c’est uniquement en raison de sa
relativitéà son Archétype, le Verbe éternel, son Origine et sa Fin, son Créateur et son Rédempteur. Si la création n’était pas la manifestation des
Idées divines pour la plus grande gloire de l’Archétype absolu, et si l’homme, sommet et chef de la création, n’était pas fait à l’
image de Dieu afin de retourner à Dieu, sa Fin surnaturelle unique – alors il est certain que ni l’un ni l’autre n’existeraient. Tant il est vrai que « c’est de lui, et par lui, et en lui que sont toutes choses ; à lui la gloire dans les siècles. Amen ! » (Rom.
xi, 36).
Puisse ce savant ouvrage contribuer à ancrer dans l’esprit des catholiques la
certitude du Règne effectif, réel et inaliénable du Christ-Roi sur sa création et ses créatures, de la défaite du diable à la Croix, et de l’invincibilité de l’Eglise, Corps mystique du Christ et Voie vers le Ciel – hors de laquelle il n’est pas de salut !
|